Retrouvée aux pieds d’un squelette en Andalousie il y a quatre mille ans, l’espadrille a la vie dure. Inlassablement, cette chaussure à semelle tressée se glisse chaque été dans le dressing, accessoire emblématique des vacances sur fond de chant des cigales, de plages ensoleillées… ou d’embruns méditerranéens. C’est d’ailleurs depuis Perpignan qu’Olivier Gelly, 36 ans, a lancé, un peu par hasard, il y a cinq ans, sa marque d’espadrilles Payote.
« Je travaillais alors dans une boutique et suis parti avec une paire d’espadrilles dépareillées, l’une en 41 et l’autre en 43. De retour chez moi, pour les reconnaître, je les ai personnalisées à coups de peinture, de couleurs et de feutres. Le lendemain, elles ont fait un carton auprès des clients », raconte Olivier Gelly, aujourd’hui à la tête d’une société (16 salariés) qui commercialise 90 000 paires d’espadrilles par an et réalise un CA de plus de 1 M€.

Option espadrille qui sent bon !
Dans un marché de l’espadrille représentant 12 millions de paires vendues en France, dont 9 millions arrivant de Chine et 3 millions d’Europe, Olivier Gelly a misé sur une production française, réalisée par l’entreprise Megam à Mauléon, Pays basque. « Depuis trois générations, cette entreprise est spécialisée dans la confection d’espadrilles. De la découpe de la toile en passant par l’encollage jusqu’à la couture de l’étiquette, chaque étape est réalisée dans cet atelier », explique le jeune entrepreneur qui, de son côté, sélectionne avec soin chaque matière : coton recyclé pour les espadrilles unies, encre végétale pour teindre les toiles, corde naturelle pour les semelles intérieures ou encore caoutchouc recyclé pour la partie extérieure. Engagée dans une démarche éco responsable, la société Payote s’est associée à la société espagnole Seaqual qui lutte contre la pollution des océans en transformant les déchets marins en fibre éco- conçue. En 2019, les espadrilles éthiques de Payote, présentes au salon du Made in France, ont été sélectionnées pour être exposées au palais de l’Élysée.
Bleu-blanc-rouge avec le blason de l’Élysée ou du XV de France, unie ou imprimée, marinière, fourrée… l’espadrille Payote (plus de 500 modèles) se décline sur toutes les toiles et va jusqu’à s’offrir une exposition au Louvre, en collaboration avec l’artiste Corbineau. Autre coup de maître : alors que l’espadrille n’est pas franchement connue pour laisser respirer le pied, Payote lance en 2018 des microcapsules antibactériennes qui, intégrées dans la toile, diffusent en marchant une odeur printanière de pamplemousse, musc blanc et menthe.
Foot truck carrément fun.

Espadrilles en braille
Face à l’afflux de commandes, Payote, victime de son succès, a décidé de lancer son propre atelier pour compléter la production basque. La société a investi au sein de l’espace Polygone Nord à Perpignan, dans un atelier de prototypage, avec une première ligne de fabrication. Objectif : produire en 2025 un million de paires par an.
En parallèle, la marque, qui a déjà une boutique à Perpignan, souhaite en ouvrir une seconde à Toulouse, en novembre prochain. Pour financer son projet, elle a lancé une opération de crowfunding, en collaboration avec Wiseed, plateforme d’investissement participatif partenaire de la région Occitanie.
Espadrilles en braille pour décrire l’imprimé aux motifs marins, travail sur du cuir vegan, brodages sur mesure… Payote réadapte ce symbole de la culture catalane et basque avec des modèles unisexes, fun et décalés. Toujours novateur, Olivier Gelly vient d’acquérir un Citroën Tube au look rétro. Aussi, si vous croisez cet été sur les marchés catalans cette estafette aux couleurs catalanes, nul doute que vous trouverez corde à votre pied dans ce foot truck flamboyant.