Au Carré d’art Louis-Jeanjean du château de Girard, au bord de l’étang de Thau, on n’a guère profité du soleil de ce vendredi 22 octobre. À l’occasion des Automnales du festival de Thau, l’ambiance dans le chai était studieuse, autour d’une unique question : « Comment faciliter la mise en place d’une démarche éco-responsable concrète sur les événements culturels, sportifs ou de loisir, en Occitanie, et de la rendre crédible et vérifiable ? »

Précurseur en matière d’éco-responsabilité, le festival de Thau dispose en effet d’une solide expertise. Certifiée par la norme ISO 20121 (lire plus bas), l’association Jazzamèze qui porte le festival sait par expérience les efforts à produire pour l’obtenir, y compris financiers. Se doter d’un outil pour sensibiliser aussi le public et les partenaires sur les engagements en matière de transition écologique de son festival ou un événement sportif, tel était encore l’objectif des responsables d’une dizaine de structures présentes*.
Car les écueils sont nombreux et il ne suffit pas de doter sa buvette de gobelets consignés. Un diagnostic est nécessaire. Un pré-label pourrait, par exemple, accompagner le postulant ; une évaluation par des pairs non pas pour le sanctionner mais l’aider à trouver des solutions adaptées, avec plusieurs niveaux à atteindre… Les idées ne manquent pas et s’inspirent d’expériences menées dans d’autres régions, comme celle de l’association Réseau Eco Evenement (REEVE), en Pays-de-Loire, mais aussi en Occitanie avec l’association toulousaine Elémen’terre, l’Ana–Conservatoire d’espaces naturels Ariège ou encore Eco-citoyennetés, dans l’Aude.
« On n’a pas fait le choix des cases à cocher », témoigne l’un des membres de l’assemblée qui pointe le problème, dans ce cas, de la pondération des critères.
Et comment se prémunir du greenwashing, qui se contenterait de teinter de vert la communication de l’événement ? Le risque d’un label peu exigeant ou en tout cas moins que la norme ISO n’est-il pas à prendre en compte ? Faut-il envisager des critères disqualifiant ? Faut-il labéliser dès la première année ou plutôt attendre une deuxième édition de l’événement ? Beaucoup de questions, donc, lors de cette passionnante table ronde et une issue, au printemps 2022, avec une expérimentation lors d’événements tests.
* Membres du groupe de travail : Elémen’terre, Festival de Thau, ANA-CEN-CPIE Ariège, Syded du Lot, la Fédération Octopus, Eco-citoyennetés, Paloma, Music’al Sol, le Printemps des Comédiens, le PNR de la Narbonnaise.

Le festival de Thau

Par sa situation de bord d’étang, classé natura 2000, le festival de Thau est sensibilisé depuis longtemps aux enjeux écologiques. À la biodiversité, notamment, puisque celle de la lagune serait 10 fois supérieure à celle des autres étangs languedociens, avec la présence emblématique de l’hippocampe. Seul festival en Occitanie certifié pour son « système de management responsable des é́vénements » depuis 2015 (Norme ISO), il accueille chaque année, outre les plus célèbres artistes de musique du monde, les désormais fameux éco-dialogues, des conférences et tables rondes autour de scientifiques sur la thématique environnementale.
L’engagement fort du festival en faveur de la transition écologique se traduit en pratique par une attention constante à réduire les déchets, en particulier les plastiques et les mégots, mais aussi les coquilles d’huiîtes et de moules qui sont recyclées. Alimentation bio et locale, vaisselle bio-dégradable, toilettes sèches, éclairage led, incitation au covoiturage… sont constitutifs de l’organisation depuis 2006.