Les fresques poétiques, symboliques, colorées, où émergent parfois des Geishkas, créatures hybrides moitié geishas moitié matriochkas, infiltrent les murs des capitales – Paris, New York… Montpellier et Toulouse. Bien qu’universel car il emprunte au folklore et traditions des cultures du monde, le style de l’artiste Koralie, rigoureux dans le graphisme et symétrique dans les compositions, est facilement identifiable. Invitée à collaborer sur quelques pièces à l’occasion des 20 ans de la marque Sessun, c’est finalement une collection capsule complète que Koralie a imaginée. Partant d’un vestiaire idéal d’atelier, l’artiste signe une ligne de vêtements inspirée de son univers mais aussi de celui de Sessun « la marque que je vénère le plus », dixit Koralie.

Complicités
Sessun X Koralie, la collaboration paraît évidente tant Emma François et Koralie, toutes deux liées à Montpellier, ont d’autres points communs. « Nous avons grandi en Camargue, nous sommes issues de la culture urbaine (skate, graffiti) et partageons une passion pour les voyages, l’ethnique et le folklore, résume parfaitement Koralie. Je connais Emma depuis vingt ans, je portais ses premiers tee-shirts, j’adhère 100 % à son authenticité, ses valeurs. Nous avons suivi la même évolution. » Avec un style intemporel et casual, des matières raffinées mixées à du brut, un vestiaire masculin/féminin, Emma, ancienne étudiante en anthropologie, a rapidement imposé sa marque dans le milieu de la mode, Sessun étant aujourd’hui diffusée dans 800 points de vente à l’international et 200 en France.
Pour Koralie, ce sont des études en architecture qui l’ont menée vers une carrière artistique. Graffeuse à l’aube des années 2000, elle se fait vite remarquer, pas seulement car elle est la seule fille dans le milieu, mais surtout grâce à ses personnages japonisants peints au pinceau. « Je regardais beaucoup de mangas, les filles aux cheveux multicolores étaient mes héroïnes et dans le même temps, j’étais attirée par le japon traditionnel (kimonos, accessoires, coiffures) et ses rituels », se souvient-elle. En 2001, elle rencontre son alter ego, le street artist SupaKitch. Osmose parfaite. Koralie se met à la bombe, mixe époques, religions, nature et esprit art déco, enchaîne les projets personnels (expos dans des galeries, illustrations pour des revues…) mais aussi avec son compagnon (fresques murales). Ensemble, ils lancent en 2005 le label vestimentaire Metroplastique. « Nous avons gagné le prix concours jeune entrepreneur mais nous nous sommes très vite aperçus que le milieu ne nous convenait pas : trop de contraintes, trop d’intervenants dans le réseau de distribution et au final peu de place pour la créativité », regrette Koralie qui continue néanmoins de s’investir sur leur site en créant quelques accessoires (carnets, trousses à pinceaux…). Dans le même temps, elle participe à des projets en lien avec la mode (Etnies, Carharrt, Billabong…). Mais avec Sessun, l’aventure est totalement inédite.

Pop-up au Bon Marché
Mixer les singularités de deux univers a été le point de départ d’une collection qui privilégie tissages et artisanat, avec pour fil conducteur l’indigo, coloris fétiche d’Emma et Koralie. « J’ai fait énormément de recherches et de dessins, je suis partie un peu dans tous les sens, avoue Koralie. Mais Emma a su débroussailler. On s’est fait confiance mutuellement et nos décisions se sont arrêtées sur ce qui nous ressemblait le plus. » Sweat bi, matière frangée aux motifs ethniques, chemise en twill denim indigo avec écussons, teddy (pièce phare incontournable chez Sessun), pantalon à bretelles, jupe tablier, ceinture obi ou encore le sac besace idéal de Koralie… Au final, vingt-cinq pièces et une dizaine d’accessoires composent cette capsule en vente depuis mi-novembre. « La collection a été très bien accueillie par la presse et les revendeurs. Le Bon Marché à Paris a même proposé de la présenter le temps d’un pop-up : une première pour Sessun. J’ai réalisé la scénographie, c’était génial. »
En écho à cette collection, Koralie a travaillé sur un projet de film et de livre baptisé Indigo Blood qui sera présenté en avant-première, le 31 mars, à la Jonathan LeVine Gallery (New Jersey, USA) puis en France dès le mois d’avril. Sans jamais trahir sa culture, Koralie brouille les frontières de l’art urbain. Cette artiste, c’est de la bombe.
www.supakitch-koralie.com