Au fil du fleuve et de la journée, Koh I Noor offre un spectacle chromatique éblouissant. En perpétuel mouvement, les reflets irisés jaunes ou bleus de sa façade de verre consacrent cette « montagne de lumière » – son nom en perse – en joyau architectural montpelliérain.
Inscrite dans le projet d’aménagement de la ZAC Marianne – Rive Gauche, la résidence contient 49 logements collectifs. Elle aura été l’un des projets phare du promoteur Olivier Cantrel, brutalement décédé jeudi 30 avril 2020, à l’âge de 48 ans. En pleine crise du coronavirus, il a été inhumé trop discrètement à Antibes. « Olivier nous a interpellés en 2014 sur ce projet de logement car il avait vu nos références. Contrairement à la plupart des promoteurs classiques qui parlent de prix et d’économies budgétaires, Olivier était axé sur la réalisation d’un immeuble qu’il voulait surprenant. Olivier était quelqu’un de très attachant. Il ajoutait de la poésie à son métier. J’ai perdu un ami », déplore l’architecte Bernard Bühler, concepteur du Koh I Noor. « Olivier était estimé pour son talent professionnel, ses qualités humaines et son énergie sans faille. Il faisait partie de ces personnalités de l’immobilier qui ont à cœur d’innover dans des projets au service du mieux-vivre ensemble et du bien-être des habitants », se souvient François Maillard, président de Spie Batignolles Immobilier.

Avant d’intégrer en 2017 le groupe parisien en tant que directeur général adjoint en charge du logement résidentiel, Olivier Cantrel avait cofondé avec Bertrand de Gouttes la société montpelliéraine Kalelithos, en 2006, dont il a été le directeur général pendant onze ans. « Nous nous étions rencontrés chez Pragma et nous étions totalement en phase quant à nos convictions. Dès la création de Kalelithos, nous nous sommes démarqués en travaillant sur des projets à forte connotation environnementale et thermique. Olivier était un artiste de l’immobilier, à l’énergie débordante. Il va nous manquer », déplore Bertrand de Gouttes, actuel président de la société.

Esthétisme et bien-être optimal
La morphologie en L de l’immeuble est bâtie en structure béton et s’élève sur sept niveaux ; le parking en sous-sol. Les logements constitués de T2, T3 et T4 sont distribués par des coursives extérieures déployées sur la façade nord, ventilée naturellement, et protégée par un jeu de lames verticales en aluminium et en verre dichroïque de tons bleus ou jaunes.
« Ce type de verre était nouveau sur le marché, mais la problématique était de l’intégrer au garde-corps. Olivier était séduit par ses caractéristiques techniques qui permettent d’obtenir des effets miroirs, scintillants et changeants », se rappelle Bernard Bühler. Si l’effet dichroïque a pour particularité de changer de couleur suivant l’heure du jour, à l’arrière du film, la lumière n’est pas teintée : elle reste neutre, ne générant aucun reflet coloré à l’intérieur des logements.
Olivier Cantrel rêvant d’un bâtiment généreux, l’architecte a opté pour une volumétrie globale en longueur, avec de larges baies vitrées et des grands balcons filants de 3 m de profondeur. Des décrochés successifs des terrasses permettent d’éviter les surplombs, de rythmer l’espace. Dotés d’une double ou triple orientation, les appartements, tous traversants, bénéficient d’une vue sur les espaces paysagers et le Lez. Au dernier étage, trois penthouses disposent chacun d’une piscine individuelle.
« Au départ, 57 logements étaient prévus, mais face à la demande de la clientèle, certains appartements ont été regroupés pour offrir une superficie moyenne supérieure à 80 m2. S’engager dans cette aventure était un sacré pari : pendant quatre ans, toute la société a vécu au rythme du Koh I Noor », se souvient Bernard de Gouttes.
En 2015, alors que l’agence Kalelithos venait de se voir attribuer le grand prix régional des Pyramides d’Argent pour son programme, Olivier Cantrel confiait : « Ce projet sera une très belle carte de visite. » Sous le soleil de Méditerranée, le Koh I Noor est bien plus…