Les challengers de Carole Delga tentent de se faire entendre, la caravane des sondages passe. La présidente sortante de la Région, tête de liste de L’Occitanie en Commun, devrait retrouver son siège ; a priori, même si les conditions sanitaires requièrent un nouveau report. Confortée par le soutien de José Bové, qui ne fait pas le choix de L’Occitanie Naturellement de l’écologiste Antoine Maurice, et celui de la figure du mouvement occitan Patrick Roux, la socialiste porte en outre des arguments de campagne que les « tout sauf Delga » développent également : du social, du soutien à l’économie, de la transition écologique et de la mobilité ; même si chacun les aligne sur son Nord politique respectif.

Prime au sortant, Covid, Rassemblement national Carole Delga « semble bénéficier de la traditionnelle prime au sortant, sans doute renforcée par le fait que la Région, en tant que collectivité territoriale, s’est rendue plus visible dans l’opinion tout au long de la crise que nous traversons, analyse le politologue et maître de conférences à l’Institut d’Études politiques de Toulouse Jean-Michel Ducomte, dans les colonnes de La Dépêche du Midi. À cela s’ajoute la configuration politique de l’élection : avec un Rassemblement national fort et une droite plus faible au premier tour, Carole Delga a toutes les chances de l’emporter au second, quel que soit le cas de figure. Mais encore une fois, attention à la volatilité des sondages, surtout trois mois avant l’élection. » Pas de quoi réveiller les appétits de participation donc, même si le déroulé de la campagne a offert quelques os à ronger.

Premier tour dispersé à gauche…
L’union de la gauche dès le premier tour pour faire front à Jean-Paul Garraud, le candidat issu de La Droite populaire et soutenu par le Rassemblement national, a (vite) fait long feu. Seuls les communistes ont saisi la main tendue par Carole Delga. Une proposition jugée peu pertinente, semble-t-il, pour Antoine Maurice : « Les alliances de la gauche aux municipales n’ont pas empêché l’extrême droite de prendre les rênes de certaines villes ni d’être réélue dans d’autres. Il faut rester modeste dans l’analyse », confiait-il au Journal toulousain, au nom d’une écologie qu’il voudrait au poste de commande d’une politique régionale globale. À moins que sa décision porte le souhait de capitaliser sur les succès des candidats Europe Écologie Les Verts à l’occasion des dernières municipales. À moins, aussi, que le mouvement veuille compter ses voix en prévision des échéances nationales en 2022 : législatives et présidentielles.

… Et au second ?
Le rempart contre l’extrême droite reste pourtant un signifiant fort pour Carole Delga et ses soutiens, particulièrement après l’intrusion de militants du mouvement Action française au sein de l’hémicycle régional le 25 mars. Une victoire assoirait par ailleurs, et dès le premier tour, une large majorité de gauche à l’hôtel de Région. De quoi conforter un bilan qui n’est contesté par personne à l’intérieur de la majorité sortante actuelle, écologistes compris, et mettre en place le Green New Deal et le budget « vert » pour l’Occitanie. Quant à la liste présentée par la France insoumise, Fédération populaire en Occitanie, elle reste dans sa posture d’aiguillon malgré la tentative (infructueuse) de faire liste commune au premier tour avec L’Occitanie Naturellement. Contrainte de partir en solo, avec une campagne fortement sociale et « alternative-économique », le binôme constitué par Manuel Bompard et Myriam Martin devrait faire connaître sa consigne de vote à l’aube du second tour.

Question de leadership à droite et au centre
À droite et au centre, si l’on exclut celle de Jean-Paul Garraud, une personnalité peut questionner la préparation et le déroulement de cette campagne régionale : Jean-Luc Moudenc. Le maire de Toulouse apporte un soutien franc au candidat lotois Aurélien Pradié, désigné à la tête de la liste Du Courage pour l’Occitanie pour Les Républicains, tandis que l’un de ses vice-présidents à la métropole fait cavalier seul, rejoint depuis le 23 mars par huit autres vice-présidents et un adjoint à la ville : Vincent Terrail-Novès. Le maire de Balma, fils de Guy Novès, est issu de la majorité présidentielle même s’il n’arbore aucune bannière partisane pour sa liste Nouvel Élan Occitan. Jean-Luc Moudenc laisse toutefois la porte ouverte à une implication dans la campagne, pour travailler au rassemblement des électeurs de la droite et du centre.

Un sondage ne fait pas (toujours) le printemps
Barrage au Rassemblement National et à la liste Rassembler l’Occitanie, tremplin pour les scrutins nationaux en 2022, proposition d’une politique alternative… Les élections régionales en Occitanie portent ces trois enjeux. Tandis que Carole Delga semble être la probable prochaine présidente de Région, au regard des derniers sondages (28 % d’intention de vote au premier tour ; source : IFOP pour Les Républicains, du 23 février au 1er mars 2021) et quelle que soit la configuration des listes de gauche au premier tour, le renouvellement de son mandat tient encore à la participation des citoyens. Or, à moins de trois mois du premier tour, seule une personne interrogée sur deux déclare être certaine d’aller glisser un bulletin dans l’urne (Source : sondage ViaVoice pour Libération, effectué en ligne du 17 au 22 mars 2021) ; soit moins que lors du second tour des régionales en 2015.