1 / Marianka invente la matière bavarde

Imaginez un mur qui se transforme en interrupteur dès que vous l’effleurez. Ou un sol qui diffuse de la musique. Après trois ans de recherche, la start-up Marianka, incubée à l’École des Mines d’Albi-Carmaux, a réussi à mettre au point des matériaux de sous-couche intelligents capables de capter la présence du corps au toucher ou à légère distance et de transformer n’importe quelle surface en capteur.
Issue de formation artistique en design, métier d’art et nouvelles technologies, Margaux Bardoux a eu l’idée d’associer les compétences en bâtiment de son conjoint aux avancées technologiques issues de matériaux souples.

« Partant du constat que la domotique permet aujourd’hui d’automatiser et de programmer son habitat, nous avons imaginé des revêtements de surface (enduits, mortier, panneaux de bois) interactifs qui permettent de créer une relation entre l’homme et son habitat », explique la présidente de Marianka.
Ainsi le matériau développé capte, à l’approche du corps, la différence de potentiel qui est analysé par une carte électronique puis transformé en signal électrique. Ce signal permet alors de contrôler lumière, son, ou d’envoyer une info par wifi ou bluetooth.
Présentée au CES Las Vegas et nominée pour le concours Edison Awards 2019, cette « matière bavarde » brevetée offre des champs d’exploration infinis dans les domaines de l’aménagement intérieur, l’environnement au travail, la sécurité, le handicap…. Dans un premier temps, c’est le secteur de l’hôtellerie, et plus spécifiquement du luxe, que le cabinet de design interactif et sensoriel veut cibler.
« Proposer à des hôtels, toujours en quête de design, de faire disparaître leurs interrupteurs apporte une vraie valeur ajoutée », se réjouit Margaux Bardoux en négociation avec un hôtel pilote qui sera la vitrine de son savoir-faire.
Pour financer les dépôts de brevet et développer des collections dans son atelier albigeois, Marianka a fait entrer dans son capital un investisseur et a levé en décembre 2018, 350 000 euros. Capable aujourd’hui de produire, dans ses ateliers albigeois, une cinquantaine de panneaux de revêtement par semaine, la start-up envisage à la rentrée une nouvelle levée de fonds pour doubler sa production et distribuer ses produits dans le milieu du Bâtiment.

2 / Smartphones éco-recyclés

Après trente ans d’expérience dans les télécoms, Sofi Groupe (ex Fibrosud), société héraultaise spécialisée dans le reconditionnement de smartphones, lançait en 2017 sa marque responsable Smaaart, dédiée dans un premier temps aux professionnels puis au grand public.
« Fort de notre savoir-faire technique et industriel, nous avons choisi de nous inscrire délibérément dans une démarche sociale et environnementale en redonnant une seconde vie aux smartphones. Il ne s’agit pas de produits d’occasion mais de smartphones éco-recyclés de toutes marques, tous modèles et tous grades (esthétiques) qui font l’objet de diagnostics et de tests sur 40 points de contrôle », explique Jacqueline Pistoulet, directrice marketing de Sofi Groupe.

Pour réduire son empreinte écologique, la société a misé sur une économie circulaire en circuit court, l’ensemble de la chaîne de reconditionnement étant réalisée dans l’usine de Saint-Mathieu-de-Tréviers.
Investi dans des collectes de téléphones usagés en partenariat avec des associations caritatives, le groupe a créé un pôle de formation interne (Sofi Académie) permettant la réinsertion professionnelle de personnes éloignées de l’emploi.
En février dernier, Sofi Groupe a participé pour la première fois au Mobile World Congress de Barcelone, non pas en étant dans l’innovation technologique mais dans l’innovation comportementale. Smaaart a ainsi présenté sa nouvelle offre B2B, véritable couteau suisse de prestations comprenant une garantie de 12 à 24 mois, un SAV Premium local et une hotline dédiés avec solutions de dépannage express, appareils personnalisés et rachat de téléphones usagés comprenant l’effacement certifié des données. Vendus sur son site internet (smaaart.fr), dans des pop up stores ou chez des distributeurs, ces smartphones connaissent un succès sans précédent.
« Le marché est en pleine explosion et nous sommes sur une croissance de 50 % chaque année », se félicite Jacqueline Pistoulet.
Mais il y a encore du travail pour faire évoluer les mentalités. D’après une enquête IFOP réalisée pour Sofi Groupe, 29 % des Français se disent prêts à acheter un téléphone éco-recyclé. Mais nous sommes encore 83 % à stocker chez nous d’anciens téléphones, qui pourraient pourtant être recyclés…

3 / Spotyride, la glisse connectée

Ancien champion du monde de wakeboard et éditeur d’un magazine spécialisé, Philippe Sirech, cocréateur avec sa compagne de la société montpelliéraine Spotyride, a présenté officiellement au CES Las Vegas sa solution de géolocalisation de tous les sports nautiques dans le monde.
« Inspiré par le Guide du routard, j’ai commencé par recenser des écoles de wakeboards, mais très vite je me suis ouvert à toute la communauté nautique (écoles de wakeboards, de surfs, de kites, bases de canoës, parachutes ascensionnels, locations de jets ski…) », résume Philippe Sirech qui a recensé depuis trois ans près d’un millier de structures sur une cinquantaine de pays.
Basée sur le concept d’une market place communautaire, cette application vise à permettre aux structures nautiques de se digitaliser à moindres coûts. Le modèle économique est simple : un système d’abonnement avec référencement gratuit puis des prestations payantes (modules entre 100 et 150 euros).
« De nombreuses structures ne sont pas digitalisées. Outre leur recensement, nous leur proposons une vraie valeur ajoutée : actualisation des données, réservation en ligne, communication… À ce jour, nous avons déjà enregistré 150 000 connexions et ouvert 560 comptes », se réjouit Philippe Sirech.
En phase de test, l’application (anglais/français) devrait être lancée dès le mois de juillet. Hébergée par quatre incubateurs, Spotyride, qui vient d’intégrer l’Open Tourisme Lab de Nîmes, envisage une prochaine levée de fonds pour accélérer son développement.
« Nous voulons être le Uber de la réservation des sports de loisirs », ambitionne l’ancien champion qui pourrait bien, par la suite, ouvrir son application à d’autres activités sportives.

4 / Overboat, le catamaran du futur

Au large de Balaruc, un drôle d’engin glisse sur l’eau, ou plutôt vole au-dessus de l’eau. Propulsé électriquement, ce catamaran nouvelle génération équipé de quatre foils rétractables pourrait bien révolutionner le milieu nautique. Imaginé par l’océanographe Vincent Dufour, accompagné de quatre professeurs de l’Université de Montpellier (experts en mécanique, robotique marine, motorisation électrique…), l’Overboat, construit dans un chantier naval à Balaruc, est actuellement en phase de test avant sa commercialisation prévue en septembre prochain. Tous les indicateurs sont au beau fixe.
« L’Overboat est un concentré d’innovations made in Occitanie », se félicite l’océanographe, créateur de la start-up Neocéan incubée à l’Université de Montpellier.

Navigateur aguerri (notamment sur les eaux limpides du Pacifique), Vincent Dufour a eu le déclic en 2012, au vu de l’émergence des foils sur les planches à voile et kite surfs. Il lui a fallu trois ans de recherche effective pour, dit-il, « vérifier qu’un moteur électrique pouvait être assez puissant pour sortir cet engin de l’eau ». Puis deux ans de montage de la start-up avant de présenter l’Overboat au dernier Nautic de Paris.
Quatre fois moins gourmand en énergie et respectueux de l’environnement marin, ce petit catamaran (3 m de long, 1,40 m de large) en composite décolle à 7,5 nœuds (14 km/h) et peut atteindre les 15 nœuds (28 km/h) en vitesse maximale. Grâce à sa batterie, il dispose d’une autonomie de 2 heures. Bourré de technologie (intelligence embarquée, foils autorégulés, système de contrôle du bateau par dronisation et robotisation, comportement prédictif), l’Overboat se veut avant tout écologique et ludique, à destination de passionnés de glisse, professionnels de la mer, plaisanciers ou hôtels clubs. Présenté pour le moment en version monoplace, sans permis, au prix de 28 000 euros HT, il devrait être décliné dès 2020 en modèle biplace.