Cépages maudits en France, six variétés interdites ont connu un autre sort dans le monde, nous apprend un film qui compte bien changer leur destin. Vitis Prohibita, le long-métrage documentaire du réalisateur montpelliérain Stéphan Balay (1h30, produit par Lumière du Jour) se veut un plaidoyer pour réhabiliter ces variétés. Le Clinton, l’Isabelle, comme le Jacquez, l’Herbemont, le Noah et l’Othello, cépages hybrides, avaient été interdits en 1934, accusés de tous les maux, « rendus coupables d’avoir mauvais goût, ou de rendre fou », selon Stéphan Balay. Après avoir sauvé le vignoble français de la crise phylloxérique en 1886, la surproduction des années 50-60 désignera ces variétés comme les victimes toutes désignées : des 62 000 hectares plantés à l’époque en France, il ne reste aujourd’hui qu’une dizaine d’hectares dans les Cévennes. C’est en partant sur les traces du vin qu’aimait son père, à base de Clinton également surnommé le « démon des Cévennes », que le réalisateur a mené l’enquête. Deux ans et demi de tournage, dans le Gard, en Lozère et en Ardèche, ont conduit le réalisateur jusqu’aux confins de l’Europe, sur les traces des six hybrides interdits : En Italie, en Autriche, en Roumanie et jusqu’aux États-Unis où ces variétés sont cultivées et consommées. Programmé en sortie nationale le 12 juin dans les cinémas Art et Essai, Vitis Prohibita accompagne les efforts des vignerons de l’IGP Cévennes pour les faire réinscrire au catalogue officiel. Avec l’association Fruits oubliés Réseau, l’ambition est bien de lever l’interdiction européenne sur ces six hybrides, dans le cadre des négociations en cours pour la réforme de la Politique agricole commune (PAC).
www.vitis-prohibita.com