Devant un comité restreint de journalistes et professionnels du monde de la culture, le théâtre de Nîmes présentait le 31 mars dernier la dernière création de Bruno Geslin, Le feu, la fumée, le soufre, adaptation contemporaine d’Édouard II de Christopher Marlowe.
Réputé pour sa fascination des figures incandescentes, le metteur en scène Bruno Geslin, installé à Nîmes depuis 2011, s’en est donné à cœur joie, avec la complicité de Jean-Michel Rabeux. Ils signent un spectacle décadent, baroque et lumineux, à la hauteur de la démesure totale de Marlowe, ce dramaturge à la vie mystérieuse et turbulente, souvent décrit comme espion, bagarreur, faussaire ou duelliste.

Le pitch
Dans un décor mobile de passerelles et pontons en bois calcinés, Bruno Geslin déroule le règne d’Édouard II. Devenu roi d’Angleterre à la mort de son père, le nouveau roi rappelle auprès de lui son amant exilé, Pierce Gaveston, attisant ainsi les foudres de la reine et de la noblesse. Dans son cachot misérable, attendant une mort certaine, le roi déchu évoque ainsi en flash-back une destinée emplie de compromissions, d’abnégations, de trahisons et de promesses pour afficher aux yeux de tous son amour interdit.

Épopée enflammée
Inversant les genres – le rôle d’Édouard II est confié à la tragédienne Claude Degliame, son amant à la comédienne Alysée Soudet et la reine Isabelle est interprétée par Olivier Normand – Bruno Geslin et son compère semblent se délecter du mélange des styles et des époques. Comédiens affublés de costumes grotesques (Pierce Gaveston finit en couches-culottes), dialogues crus ou ampoulés, gesticulations et exagérations à foison… tout participe à l’absurdité de cette tragédie. Trois heures durant, c’est parfois un peu long, mais ruptures de rythme ou de décor donnent la cadence. À ce titre, l’apparition d’un jardin d’Éden, paradis perdu surgi brutalement au milieu des cendres, est totalement hallucinante.
Alliant projections et jeux d’ombres et lumières, la mise en scène envoûte par sa noirceur. Une descente aux enfers qui clôt le récit comme il a commencé : par la mort du père, telle une parabole parfaite.

Prochaines dates de représentations ouvertes au public :
• Les 2 et 3 décembre 2021 à L’Empreinte à Brive
• Les 9 et 10 décembre 2021 au théâtre de l’Archipel à Perpignan
• La semaine du 7 mars 2022 à la Comédie de Caen
Suite de la tournée en cours de montage