Depuis le début de la crise sanitaire, jamais les Français n’auront acheté autant de bouquets de fleurs. Une explosion de couleurs pour embellir le quotidien, mais à quel prix ? Neuf fleurs coupées sur dix vendues dans l’Hexagone sont majoritairement importées du Kenya, de l’Équateur, d’Éthiopie ou d’Amérique du Sud. Cultivées dans des conditions à tout point de vue néfastes, ces fleurs transitent en avion par les Pays-Bas puis en camion réfrigéré, histoire d’alourdir un peu plus le bilan carbone. Face à ce constat édifiant, une nouvelle génération de fleuristes bourgeonne et redonne des couleurs à la filière horticole française. C’est le cas de la Montpelliéraine Iris Amic qui lance son projet Simples (en référence au nom donné aux plantes médicinales au Moyen Âge).

De la graine…
Après un début de carrière dans la mode – sept ans comme responsable de production à Paris – Iris, dont le prénom semblait prédestiné, a tout lâché pour s’inscrire à l’École du Breuil, prestigieuse école d’horticulture parisienne. « J’avais besoin d’un métier se rapprochant de la terre, raconte la jeune femme. Au fil de mes stages, je me suis orientée vers la production de plantes aromatiques et de fleurs, puis j’ai travaillé dans des structures en milieu rural et urbain. »
Dans les pas de mouvements tels que le Slow Flowers aux États-Unis et en Angleterre – où le nombre de fermes de fleurs locales a explosé –, l’idée de créer sa propre structure germe peu à peu dans la tête d’Iris, déjà adepte d’une alimentation bio. « La filière horticole a perdu 40 % de ses effectifs en dix ans : dans la région, elle reste presque anecdotique tant le nombre de producteurs est faible. Produire des fleurs de saison sans produits chimiques et les vendre à proximité de l’exploitation faisaient sens », explique Iris qui, business plan en poche et formation en Toscane auprès d’un producteur de plantes aromatiques et médicinales, se met en quête d’un terrain. Face aux prix rédhibitoires, elle se tourne vers Terracoopa, une coopérative de l’agriculture biologique et des métiers de l’environnement basée à Clapiers, qui lui met à disposition un hectare et deux serres de 400 m2, pendant une durée maximale de trois ans.
« Une place se libérait, j’ai candidaté. Cet outil de production est une aubaine et le cadre sublime ; je vais pouvoir tester mon projet à moindre coût, tout en étant accompagnée », se réjouit Iris. Elle a sélectionné des espèces méditerranéennes peu gourmandes en eau et adaptées aux conditions climatiques de la région. Les premiers semis ont été plantés, pour une récolte prévue dès juillet.

… à la création artistique
Cosmos, ancolie, campanule, dahlia, chrysanthème, marguerite, œillet, pavot… Iris envisage de cultiver une centaine de variétés, dont plusieurs plantes aromatiques et médicinales un peu oubliées tels la sarriette, le souci…
« Je vais proposer des bouquets ornementaux, mais aussi des bouquets comestibles qui seront accompagnés de fiches indiquant les précautions d’emploi, ainsi que des recettes élaborées par des chefs », projette Iris. Elle a déjà un tas d’idées et une vision esthétique plutôt champêtre. « Je compte faire de la cueillette sauvage dans le bois situé aux alentours pour agrémenter de feuillages et d’herbes mes bouquets. »
Des bouquets, en petit, moyen ou grand format, qui seront vendus dès cet été sur les marchés montpelliérains ou livrés à vélo sur la métropole. Summer of love et flower power : la révolution du pétale est en marche.