Le premier gratte-ciel de Toulouse, ce n’est pas anodin.
Oui… Mais à Toulouse, il y a près de 1000 ans, l’époque des Capitouls, ces hauts dignitaires élus avaient le droit de construire des tours. Elles n’ont pas la même dimension évidement. Il y en a eu en Italie à la même période.
Les tours ont donc toujours été des lieux de pouvoir,  fut-il démocratique ?
C’était plus l’intention de s’approcher de Dieu, je pense. L’idée, en tout cas, c’est qu’il y a, à Toulouse, une tradition dans ce sens. Aujourd’hui, la volonté des élus est de créer près de la gare, un nouveau centre qui soit une respiration, en relation avec le canal, les boulevards… C’est une volonté politique très forte de marquer un lieu avec une potentialité importante et d’y faire naitre pour l’avenir une dynamique et une image nouvelle.
A propos d’avenir, vous avez été lauréat des Défis urbains en 2007, cela fait-il de vous un expert de la construction à énergie positive, écologique ?
Aujourd’hui, toutes ces questions environnementales, les architectes ne peuvent pas être seuls à les appréhender. Ce sont des équipes, avec des ingénieries. Dans un tel domaine, qui est d’actualité, tout le monde se pose ces questions, celle du climat. Si on doit construire l’avenir, cela doit se faire au centre des villes, là où sont les réseaux, les transports. Ce n’est plus la peine de «déporter» la question de l’habitat si on veut éviter de remplir les rocades. C’est implacable.
La tour sera-t-elle à énergie positive ?
L’intérêt d’un bâtiment en multi-usage, c’est qu’on peut gérer l’énergie à partir des activités qu’elle génère. Bureau la journée, logement le soir ; un dispositif technique permettra la mutualisation des moyens pour l’ensemble de la tour.  Mais pour l’instant rien n’est décidé. On est en train de travailler dessus. Il y aura des façades à double peau qui permettront de gérer les problématiques thermiques. Mais on va éviter les déplacements en voitures ; le bilan carbone – on en parle peu – sera indéniablement amélioré. Mais il faut laisser nos ingénieurs contrôler tout ça. Pour l’instant, nous n’en sommes qu’à l’esquisse. Et je ne vous cache pas qu’il y a aussi la partie programmation, en phase de mise au point par notre client, la compagnie de Phalsbourg (lire page 26 : Des immeubles en bois…), avec des commerces, des restaurants…
La tour Hypergreen imaginée par Jacques Ferrier en 2005 était déjà à 70% autosuffisante.
Chaque programme est un peu différent. Hypergreen était une simulation, sans doute située dans des conditions idylliques. Là, nous sommes en centre ville, avec des trains qui passent au pied de l’immeuble. Il y a des vibrations, le tunnel du métro sous la tour…
La tour Hypergreen était elle-même dotée d’une résille en béton, une sorte d’exosquelette qui lui conférait des performances quasi anti-sismiques…
A Toulouse nous ne sommes pas dans cette configuration-là. Mais c’est très complexe : des systèmes de fondations spécifiques, tous les niveaux sont différents (NDLR c’était le cas aussi de la tour Hypergreen). C’est quand même un objet exceptionnel.
On a vu ces derniers temps plusieurs des incendies, tragiques parfois, à Dubaï et à Londres. N’est-ce pas un frein à ce type de construction ?
Citons aussi les tours jumelles. Mais nous ne sommes pas du tout dans le même dispositif. En France, la réglementation est draconienne. Les tours jumelles étaient en acier. Si on avait eu des cages d’escaliers et d’ascenseurs en béton, il aurait eu beaucoup moins de morts car il est coupe-feu 2 à 3 heures. La tour Occitanie  sera en béton donc extrêmement performante. Les pompiers seront présents 24h/24, c’est une obligation. A Londres, ce sont les façades qui ont brûlé. Ils n’ont pas les mêmes règles. Et ces règles sont appliquées dans les Emirats. On se plaint parfois d’avoir en France du poids des contraintes, mais par rapport à la sécurité, on est vraiment en avance.
Propos recueillis par Fabrice Massé le 9/10/17.

 

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer