Le FISE a 20 ans, l’âge adulte. Le festival parcourt désormais le monde. Cela lui apporte quoi de plus ?
Ça lui apporte une reconnaissance et une notoriété beaucoup plus importante. Cela permet à l’événement de Montpellier d’être une étape de la coupe du monde, ça ne l’était pas avant. Trois disciplines différentes sont labellisées par les fédérations FCC (Fédération française de cyclisme) ou la FIRS (Fédération internationale de roller sports), le BMX Flat, BMX Park et Roller. Cela permet également d’avoir une diffusion média internationale plus importante, d’aller chercher des cibles différentes. On le voit notamment avec Honor, un partenaire chinois, une société qu’on a sur l’événement de Chine qui est partenaire principal de l’événement de Montpellier.
Et qu’apporte le FISE à la pratique sportive, aux jeunes, à Montpellier ?
C’est la raison pour laquelle j’ai monté cet événement il y a vingt ans, c’était vraiment pour arriver à faire connaître ces disciplines-là, les partager et créer de nouvelles passions, créer de nouveaux « psyrider » et peut-être aussi, du coup, une nouvelle génération de jeunes qui ont envie d’aller vers ces disciplines-là plutôt que d’autres plus traditionnelles. Le Fise apporte aussi une reconnaissance aux athlètes qui peuvent avoir davantage de sponsors individuellement parce qu’un événement comme le FISE les intéressent.
Quelles sont les nouveautés cette année ?
Cette année on intègre l’escalade, une discipline très nature et qui reprend beaucoup de codes des sports freestyle, le côté spectaculaire, engagement physique, prise de risques, technique, finesse du style… c’est l’occasion d’ouvrir un autre univers et c’est important d’associer différents sports et différentes communautés sportives…
Pourquoi les sports comme la slackline (équilibre sur une sangle), le yamakasi (parcours urbain acrobatique), le hip-hop, le monocycle… ne sont-ils pas intégrés au FISE ? Alors que dans ces domaines, les Héraultais excellent !
Ce qui nous intéresse, c’est les histoires qu’on écrit avec des acteurs de ces spécialités. Donc, il risque d’y avoir de la slackline, mais ce n’est pas sûr, cela dépendra des partenariats et de l’énergie qu’on aura. Pour l’escalade, c’est par rapport à la structure qui s’ouvre sur Montpellier. On a voulu monter une histoire avec eux parce qu’ils ont un business à développer. Mais ce sont d’abord des passionnés. Et puis, l’escalade est assimilée à cette nouvelle génération de sportifs et de riders qui veulent, au-delà d’un chronomètre et de savoir si on a gagné ou perdu, garder une liberté d’expression dans leur discipline. Le monocycle, on l’a fait déjà dans le FISE, on a eu deux années des compétitions de monocycle et il se trouve que ça n’a pas plus accroché que ça, en termes de nombre de pratiquants. On aura peut-être une surprise à venir d’une autre discipline importante qui va apparaître et que vous venez de citer…
Laquelle ?
Le Parkour [art du déplacement] Yamakasi, on va utiliser une de nos aires de skateboard. Il y aura une compétition de parcours, c’est nouveau, on travaille avec la fédération nationale et internationale. Vous avez l’exclu sur ce coup-là ! Par contre, le BMX Dirt [discipline qui consiste à exécuter des figures sur des bosses en terre], on ne peut finalement pas le faire cette année, on espère l’année prochaine.
CVH_DAY_O2_PORTRAITS_HERVE_00025Le FISE ne devrait-il pas être nommé le FISU (sports urbains) ?
Je ne dis pas que le mot « extrême » est parfait. On a plutôt tendance à dire en anglais « Action Sport Festival » pour traduire l’esprit du FISE. Le mot « urbain » ne correspond pas parce qu’il y a vraiment le côté nautique qu’on veut mettre en avant. Et puis, j’aime beaucoup cette notion « action sport », « freestyle » qui reflète les valeurs de l’engagement physique, du style, de la liberté…
Quels sont vos meilleurs souvenirs ?
Il y en a énormément ! C’est ce public riche, l’émotion avant que quelqu’un lance une figure ou quand il l’a posée et que ça vous fait hérisser les poils. Les nuages qui vont s’écarter pour une finale de BMX et qu’il pleut à 800 m à droite et à 2 km à gauche, à Palavas. C’est la rencontre avec un rider qui arrive sur votre événement qui vient mettre un premier « flair ». C’est la une d’un journal où vous allez voir votre événement. Toute l’émotion que dégagent les acteurs autour de l’événement et ça, chaque année…
Le FISE est né à Palavas, puis Montpellier a récupéré le festival, est-ce un choix politique ?
Non, c’est une évolution naturelle. Palavas était devenu trop petit et dangereux : il fallait 2 heures pour faire Montpellier-Palavas, en voiture. Quatre ou cinq ans après, Georges Frêche [ancien maire de Montpellier et président de la Région – NDLR] a donné une autre dimension quand on s’est installé sur les berges du Lez. À Grammont, on a développé toutes nos infrastructures, fait des piscines, des « setup » pour des compétitions démentielles…
Philippe Saurel, président de Montpellier 3M, est un adepte de la trottinette. Pensez-vous organiser une épreuve réservée aux personnalités ?
En tout cas, c’est l’occasion de mettre un coup de projecteur sur cette discipline. Je pense que dans la Métropole et la Région, on a quand même des élus qui y croient et je trouve ça super. Il y a huit ans, Georges Frêche a vraiment vu dans ces sports une génération 2.0 et les espoirs de demain. Il y a également Jean-Luc Messonnier [maire de Baillargues] qui a un projet de téléski dans sa ville et c’est vraiment bien.
Les sports du FISE sont majoritairement pratiqués par des garçons…
Oui, c’est vraiment des sports masculins qui le deviennent de moins en moins. Ce qui est intéressant, c’est que le rapprochement avec les fédérations internationales oblige à faire des compétitions féminines en parallèle des compétitions masculines. De notre côté, cela fait sept ans qu’on a développé des « girl contest » : depuis quelques années on est passé de 4-5 rideuses à 15-20 rideuses présentes dans les compétitions avec notamment une discipline comme la wakeboard où il y a une proportion beaucoup plus grande de femmes. Au moins 30 %. Notamment Aurélie Godet, une Héraultaise de 13 ans, vice-championne du monde qui est soutenue par la FISE Academy. C’est un phénomène en devenir, par exemple le « flat » (sur le plat) en BMX est une discipline que les filles commencent à regarder de près.
Votre ambition pour les vingt ans à venir ?
Dépasser le football, en termes de popularité, un vaste programme ! En tout cas, nous allons continuer à développer nos sports avec les fédérations internationales et professionnaliser et garder ce côté fun et d’engagement. Et le plaisir que prend chaque rider quand il va faire sa session.

 

ART URBAIN
Depuis quatre ans, le concept Art and FISE accueille des artistes renommés dans une zone dédiée. Cette année, Psktear, Chabeuh et Sirck réaliseront chaque jour leurs performances en public.

 

Les grandes étapes du FISE
1997 – Création du festival international des sports extrêmes : 100 riders et 35 000 spectateurs présents. Le Festival se déroule à Palavas
1998 – 2 nouvelles disciplines sont représentées : le Street et le Kitesurf
1999 – Création de FISE Area, notre label de construction des structures et parks
2001 – 1er partenariat avec Nokia
2002 – 1er événement de sports extrêmes en Europe avec 1000 riders et + 200 000 spectateurs
2003 – Le FISE Montpellier se rapproche du centre-ville et s’installe à l’espace Grammont. Le FISE s’internationalise : Dubaï, Hammamet et Djerba
2004 – Le FISE s’installe aussi en Algérie et au Koweït
2005 – 3 nouvelles disciplines : le wakeboard, le snowboard/Ski et la moto Trial
2007 – Le FISE se déroule en plein centre-ville de Montpellier sur les berges du Lez. Création de la tournée française : FISE Xperience Series
2008 – Le FISE continue son ascension et accueille plus de 300 000 spectateurs sur les cinq jours de festivités
2010 – Grand retour du skateboard. Le MTB devient une étape du Freeride Mountain Bike World Tour
2014 – 1re édition de la tournée internationale FISE World Series : France, Andorre, Chine, Malaisie
2016 – 1re édition en Amérique du Nord. Les épreuves BMX Freestyle Park deviennent Coupe du Monde BMX Freestyle Park UCI
2017 – Le FISE a 20 ans

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