Nathalie Garraud et Olivier Saccomano

Au centre dramatique national de Montpellier

Nathalie Garraud et Olivier Saccomano se sont croisés, un peu comme dans la chanson de Michel Fugain (On dirait le Sud), avec quelques années d’écart. Nathalie est née à Carcassonne mais c’est à Paris qu’elle crée la compagnie du Zieu, en 2006. Olivier est, quant à lui, originaire de la banlieue parisienne mais fonde à Marseille la compagnie Théâtre de la Peste, en 1998. Entre eux, la rencontre a finalement lieu lors d’ateliers de recherche théâtrale qu’Olivier coordonne au département théâtre de l’université Aix-Marseille, où il enseigne. Depuis, ils travaillent ensemble à la conception de cycles de création, au sein desquels Olivier se consacre à l’écriture tandis que Nathalie met en scène.

« On est très heureux d’être là, c’est une certitude », assurait Nathalie Garraud en février lors de leur première conférence de presse, au centre dramatique national de Montpellier, qu’ils codirigent désormais. Succédant à deux directeurs controversés, Jean-Marie Besset et Rodrigo Garcia ; et nommé contre l’avis de Philippe Saurel, maire-président de Montpellier Méditerranée Métropole qui défendait un autre candidat (Jean Varela directeur du Printemps des Comédiens et de Sortie Ouest), le couple entend s’affirmer grâce à leur projet.

« Un des outils est la troupe où les acteurs sont associés ; c’est le point de départ de notre candidature. » Un second point réside dans leur lien au territoire, « l’articulation entre la troupe et le lieu où elle est installée », expliquait Nathalie. Pour tous les deux, « la question centrale est la question de la durée, l’attardement ». Mieux que programmer des spectacles ou les produire, Garraud et Saccomano estiment que « l’hospitalité faite aux artistes doit se traduire par une hospitalité faites aux œuvres. » Œuvres du répertoire et créations contemporaines sans a priori, sinon celui de s’interroger, à l’instar d’Olivier : « Qu’est-ce que ça veut dire de jouer Othello aujourd’hui ? » citant dans la foulée Gustave Courbet : « L’art historique est par essence contemporain. » Une citation qui n’a rien d’anodine lorsqu’on découvre quelle « formidable machine à scandale » le réalisme du peintre a représentée à son époque pour la critique !
Pour Nathalie Garraud et Olivier Saccomano, faire du théâtre « c’est user des outils dont on dispose » et ces outils seront pour eux « poétique et politique » Les artistes invités auront ainsi pour mission de fabriquer deux à trois spectacles en ménageant une « zone de rencontre avec le public » au cours de la création et de s’inscrire dans un temps long : « Ça prend du temps de raconter une histoire. » Chaque mois, deux semaines de représentations leur seront accordés au lieu de quelques jours jusqu’à présent. Une biennale verra le jour « avec les acteurs des autres institutions locales » et avec les moyens dont le CDN dispose : « On pense avec nos poches ! » ironise Olivier. Rendez-vous en juin, pour la présentation de leur première saison. FM

 

Galin Stoev

Au Théâtre national de Toulouse

Intronisé le 1er janvier 2018, le metteur en scène bulgare veut faire du centre dramatique « la maison des Artistes ».
Après vingt-cinq ans de créations théâtrales dans les plus grandes institutions (Théâtre National de Liège, Comédie Française…), le metteur en scène globe-trotter Galin Stoev a choisi de se « régénérer » en prenant la direction du Théâtre National de Toulouse. « Alors que je suis dans la maturité de mon art théâtral, ce mode de fonctionnement itinérant n’avait plus de sens pour moi. Ma recherche artistique a besoin de pérennité, en se déployant dans un territoire et dans l’échange. Je retrouve à Toulouse le même esprit innovant et créatif que dans mon travail au plateau. Le TNT est un outil magnifique, j’espère pouvoir lui faire gagner en légitimité sur la scène internationale. »

Épaulé par Stéphane Gil, directeur délégué, Galin Stoev, succédant au duo Agathe Mélinand/Laurent Pelly, souhaite faire du TNT une « maison des artistes, ouverte et accueillante ». Côté cour, un répertoire de textes classiques ou contemporains ; côté jardin, un petit théâtre métamorphosé en CUB, espace de travail modulable exclusivement dédié à la création et à la recherche. Trois équipes y sont accueillies cette année : Marie Rémond, Maëlle Poésy et Christophe Bergon. « Un centre dramatique national se doit d’apporter aux artistes un soutien sur mesure », justifie Galin Stoev. Dans cette logique, la mise en place de l’Atelier, structure d’insertion professionnelle, vise, elle, à favoriser l’accompagnement des jeunes artistes en lien avec la filière régionale (conservatoire de Toulouse, Ensad Montpellier…). « Je souhaite également multiplier les partenariats avec les institutions culturelles de la métropole. Faire ensemble est indispensable… » Dès l’automne 2019 devrait être lancée Je(u)T’M, Biennale des arts vivants de Toulouse Métropole. Elle permettra, en outre, de mener un chantier de formation envers les jeunes metteurs en scène.
Confronté lui-même à différents contextes politiques, historiques ou économiques, Galin Stoev voit aujourd’hui dans le théâtre le lieu d’édification d’une réalité transcendante. Une vision qui trouve un parfait écho dans son nouveau rôle de directeur du TNT. SV

 

Sandrine Mini

A la Scène nationale de Sète et du bassin de Thau

Après un parcours qui l’a menée à Rome (attachée culturelle à l’ambassade de France), Paris (directrice des publics et du développement au musée national Picasso), puis Décines (directrice du complexe culturel le Toboggan), Sandrine Mini, originaire de Sicile, se retrouve en terre sétoise à la tête d’un vaisseau culturel : la Scène nationale de Sète et du Bassin de Thau.
Nommée en septembre 2017, la nouvelle directrice défend une programmation pluridisciplinaire, innovante, à destination d’un public intergénérationnel. « Depuis mes études à Montpellier, j’ai toujours gardé un fort attachement pour Sète, cité insulaire empreinte d’une forte identité méditerranéenne et ancrée dans un territoire désormais enrichi de six nouvelles communes. Je me sens à l’aise ici, d’autant que c’est une chance d’arriver dans une maison chargée d’histoire, entièrement rénovée en 2013, et en bonne santé financière » (à l’équilibre sur un budget global de 3,6M€ – NDLR).

Dans les pas de son prédécesseur, Yvon Tranchant, Sandrine Mini affirme sa volonté de renforcer l’empreinte de la Scène nationale dans la région. Ses deux axes prioritaires : une programmation artistique/culturelle permanente décentralisée et l’élargissement du public, avec notamment le pôle de création et de diffusion de Mireval.
« Le centre Léo Malet a pour vocation d’être le second lieu de travail de la Scène nationale. Il accueille déjà des artistes en résidence de création. Le projet est de développer des spectacles destinés à l’enfance et la jeunesse. La Scène nationale accueille chaque année 9 000 jeunes alors que l’agglo en compte 22 000, constate Sandrine Mini. Notre rôle est de susciter le désir, la curiosité, de donner à voir des regards différents, d’accompagner, de créer des temps forts, des échanges… en croisant les propositions – théâtre, musique, danse, cirque, arts plastiques. »
Pour sa première programmation, qui sera présentée officiellement au mois de juin, Sandrine Mini affirme s’inscrire dans la continuité d’une programmation pluridisciplinaire. Par ailleurs, elle envisage d’intégrer des spectacles participatifs et de donner carte blanche au collectif artistique Petit Travers. Autre orientation : accentuer le rapport aux écritures contemporaines en privilégiant de nouvelles formes en lien avec le cinéma ou les nouvelles technologies. SV