Les décideurs des villes, des entreprises et des territoires doivent prendre des mesures proactives pour lutter contre le dérèglement climatique
« L’architecture doit anticiper le futur ! » proclament Anouk Legendre et Nicolas Desmazières, architectes de l’agence XTU et auteurs de la première tour à énergie positive au monde. C’est aussi l’avis de l’écrasante majorité des Français. Mais pas celui de SNCF-immobilier, promoteur de la tour Occitanie, ni celui de la métropole de Toulouse, ville où elle devrait être construite. Pourtant…
« Il est extrêmement improbable que l’objectif de maintenir le réchauffement global bien en dessous de 2 °C puisse encore être atteint », insistait un rapport de l’ONU Environnement paru fin octobre. L’organisation internationale, qui juge qu’il est encore possible d’éviter la surchauffe généralisée, invite à « une rupture dans les technologies et les investissements ». Pour elle, c’est la seule façon de « réduire les émissions, tout en créant d’immenses opportunités sociales, économiques et environnementales ».
Les citoyens y seraient prêts. Selon un sondage Ifop publié cet automne par le Fonds mondial pour la nature (WWF), ce serait même le cas de « la quasi-totalité des Italiens et des Chinois (96 %), mais aussi des Français (93 %) et des Allemands (91 %) ». Tous estiment que « les décideurs des villes, des entreprises et des territoires doivent prendre des mesures proactives pour lutter contre le dérèglement climatique ».
Certaines villes et métropoles du monde ne s’y sont pas trompées. Elles agissent déjà, conscientes de leur rôle décisif via des projets urbains plus denses et plus sobres, de mobilités décarbonées et douces, d’agriculture périurbaine biologique… C’est en répondant à la commande de la Communauté urbaine de Strasbourg, par exemple, que l’agence XTU devrait livrer à la fin de l’année 2017 la tour Elithis Danube dont il est question en introduction ; la même étant prévue à Dijon. Pour le Grand Paris, il n’est plus de projet architectural ou urbain qui n’intègre pas de performances énergétiques et qui ne favorise la biodiversité. D’Oslo à Singapour, en passant par Milan, des gratte-ciel sont programmés et poussent, parfois littéralement, selon cette tendance écoresponsable. Parfois en bois ! Encore jugés en France comme des épouvantails, ces bâtiments de plus ou moins grande hauteur devraient pourtant devenir de plus en plus présents.
« Ne dites pas que Toulouse n’est pas ambitieuse sur le plan de l’écologie, ce serait malhonnête », proteste à juste titre Annette Laigneau, répondant aux questions d’artdeville. La vice-présidente de Toulouse-Métropole chargée de l’Urbanisme n’a pas tort. Avec sa spirale végétale s’élevant à 150 m, la tour Occitanie montre que ses promoteurs ont intégré eux aussi la préoccupation climatique. Cette forêt verticale devrait en effet contribuer à absorber une grande partie des gaz à effet de serre que le bâtiment produira. Et même si ses performances énergétiques ne sont pas aussi remarquables que celles de la tour Elithis Danube, elles seront dans les clous des normes actuelles, c’est-à-dire à « basse consommation ».
Mais le gratte-ciel Occitanie porte le nom de la région qui souhaite « être la première au monde à énergie positive ». Et selon M. Moudenc, président de Toulouse-Métropole, ce bâtiment est voulu comme « un symbole, un signe urbain fort à la hauteur de l’ambition européenne de Toulouse », capitale régionale. Sûr que dans ce contexte, 93 % des Toulousains ou presque seraient enthousiastes d’apprendre que « leur tour » s’inscrira non seulement dans cette politique positive pour le climat, mais qu’elle pourrait être la première au monde à intégrer également les enjeux bas carbone et de biodiversité… « tout en créant d’immenses opportunités sociales, économiques. » Accessoirement, cela permettrait à SNCF-immobilier de répondre à l’appel à projets « bâtiments NoWatt » lancé par la Région et bénéficier des aides à l’investissement sous forme de prime « 1 € Région pour 1 € citoyen ».
