I962 – André Malraux : « l’État n’est pas fait pour diriger l’art mais pour le servir », rappelle le document de présentation réalisé par la compagnie Y. En citant l’inventeur de la politique culturelle en France, ancien ministre de De Gaulle, en énumérant aussi quelques scandales et faits marquants de l’histoire du festival, l’auteur et metteur en scène Étienne Gaudillère pointe à son tour l’interdépendance du 7e art, du politique et de la société tout entière : l’annulation du festival dès sa première édition, la censure dont il fait l’objet, les bombes qui explosent à sa porte… ainsi que les « batailles de fleurs », le glamour et la Nouvelle Vague qui tentent de déjouer cette pression, également financière.
Dans le spectacle qu’elle crée au théâtre Molière de Sète, la Cie Y entend montrer ce que renvoie la société qui l’observe, la scrute, l’idolâtre, la « boule à facettes » que représente le festival de Cannes.
Axé principalement sur ses coulisses, CANNES – Trente-neuf / Quatre-vingt-dix conte ces années chaotiques et s’en émancipe, parfois, par choix poétique.
Étienne Gaudillère l’explique : « J’ai choisi de raconter des faits oubliés et méconnus, et je laisse volontairement de côté des événements qui ont été, bien souvent, abondamment relayés, comme le scandale de La Grande Bouffe en 1973. »
Dix comédiens servent ce « puzzle » ciselé par Gaudillère dans une scénographie où l’escalier tient le 1er rôle. Les marches du festival sont ainsi représentées en miroir de la marche du siècle, suggérant les gloires montantes comme leurs chutes possibles. La Cie Y, comme la génération du même nom, est composée de comédiens aguerris dont le parcours a souvent croisé de grands noms du théâtre. n
Coproduction : Cie Y ; Théâtre Moliè̀re de Sète, scène nationale archipel de Thau ; La Comédie de Saint-Étienne, Centre dramatique national ; Théâtre de Villefranche ; Théâtre du Vellein – CAPI – Villefontaine.
Création les 14 et 15 mai, Théâtre Molière, Sète