Beau bazar aux Beaux-arts… Les allégories bicentenaires qui ornent la façade monumentale de l’Institut supérieur des arts de Toulouse s’en souviennent encore : le Collectif 49 701 a littéralement pris d’assaut le bâtiment qui jouxte la Garonne, quai de la Daurade à Toulouse. La manœuvre est décidée au dernier moment, le 25 mai dernier à 17h50, pour cause de météo défavorable. Un avis de vigilance crues somme la troupe de déposer armes, décor et accessoires ailleurs qu’aux Abattoirs. Le musée d’art moderne et contemporain et le port Viguerie, situés sur la rive gauche de la Ville rose, sont trop exposés. Le groupe se replie sur son plan B, les Beaux-arts, pour présenter la saison 5 de sa création : « Les trois mousquetaires, la série ». Présentée pour la première fois dans sa version intégrale, la séquence de ce spectacle brutal et bordélique s’avère finalement jubilatoire.

Du contexte naît le spectacle
Alea jacta est… et pas de quartier ! Le collectif, emmené par les deux co-metteuses en scène Jade Herbulot et Clara Hédouin, investit les cours, passages et étages, lieux d’exposition… pour jouer trois épisodes de ce feuilleton publié dans les pages du journal « Le Siècle » entre mars et juillet 1844. Les portes claquent. Les répliques fusent. Les comédiens surgissent. Les couloirs bruissent des premières impressions exprimées par les spectateurs. Car, oui, le public est lui aussi envahi. Campé sur des trépieds pliables, il est d’abord cerné d’une pseudo conférence de presse qui explique l’épisode où la monarchie française est plongée dans une guerre civile au XIIe siècle. Singeant l’exercice en associant les spectateurs à cette comédie médiatique, chacun est mis en demeure de suivre le mouvement. Tricotée à partir du classique de la littérature française et des codes des blockbusters, cinématographique ou télévisuel, la mise en scène substitue aux capes et aux épées des smartphone et des pistolets en plastique, des Stetson et des Weston, des GI’s et des femmes fatales.

La ville, théâtre populaire d’un art vivant
Le Collectif 49 701 a la fougue et l’audace, l’engagement et l’impétuosité des quatre héros dumasiens Athos, Porthos, Aramis et d’Artagnan. Il pratique le désordre volontaire à chaque spectacle, six au total ; des « saisons », découpées chacune en trois à quatre épisodes, qu’il est possible de voir séparément ou en intégrale par cycle de trois grâce à l’insertion d’un générique et du résumé des aventures précédentes. L’invention demeure en effet l’autre credo de cette création voulue comme immersive : « On n’écrit jamais sur des pages blanches, on ne s’adosse jamais contre des murs blancs, expliquent ses membres. C’est la première – mais aussi la plus banale – des leçons que nous impose à chaque fois ce que nous appellerons le contexte. Le contexte est avant tout un espace qui nous est fondamentalement donné. Nous adaptons un roman que nous posons dans des lieux urbains, aujourd’hui. » Le spectacle investit la ville pour nourrir une veine patrimoniale alimentée par le verbe. À la suite de Toulouse, Auvers-sur-Oise (95) le 7 juin, Paris (Port-Royal, 5e arrondissement) le 29 juin et Colombe (92) le 4 juillet accueilleront cette série théâtrale vivante et drôle, familiale et populaire.